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Rupture amoureuse, les étapes du deuil

Rupture amoureuse, faire le deuil de son couple après sa séparation ou son divorce. Comment se relever de la fin de son histoire d’amour ?

Existe-t-il des méthodes pour se remettre plus rapidement d’une séparation ou d’un divorce ? Faut-il forcément en passer par toutes les étapes du deuil ? Faisons le point sur cette épreuve de la vie que nous sommes si nombreux à traverser de nos jours.


   Faire le deuil de son histoire d’amour

Commençons par définir le deuil amoureux même si ça peut sembler évident pour chacun d’entre nous, ça pose le cadre de cet article.

Concrètement, on a fait le deuil de sa rupture amoureuse quand on n’en souffre plus et ce cheminement est propre à chaque personne, ce n’est pas possible de déterminer à l’avance comment va se dérouler ni combien de temps va prendre votre reconstruction.

Vous le constaterez sans doute par vous-même, énormément de gens ont écrit sur le deuil amoureux, il existe une multitude d’articles et de contenus disponibles qui traitent de ce vaste sujet et décrivent en général des phases pour détailler le processus de deuil d’une histoire d’amour.

A vrai dire, nous ne sommes pas franchement en accord avec l’idée que le deuil amoureux passe systématiquement par des étapes prévisibles qui s’appliquent à tous et en toutes circonstances.

Nous estimons au contraire que chaque individu est unique, chaque histoire aussi, difficile donc de prédéterminer les étapes du deuil amoureux de façon universelle, valable pour tous quel que soit le cas de figure, l’histoire, la personnalité des partenaires, le contexte de la rupture.

On voit par exemple régulièrement des couples qui s’accordent parfaitement pour décider que leur histoire est terminée, les conjoints s’entendent sur le principe de rupture et ne passent pas par toutes les étapes généralement décrites pour accepter leur séparation ou leur divorce.

A contrario, d’autres couples vont vivre une période extrêmement tendue avant de pouvoir renouer un dialogue serein autour de l’idée de la séparation. Dans ce contexte, c'est souvent l’un des deux conjoints qui est seul à l’initiative de la rupture et celui qui subit la décision en souffre atrocement, rendant la communication houleuse et parfois impossible.

Il n’y a pas de règle, pas de chemin tout tracé et donc pas de méthode miracle pour définir quelles seront les étapes de votre deuil amoureux.

Contrairement à ce qui est présenté par la plupart des contenus à ce sujet, notre expérience nous prouve qu’il ne faut pas nécessairement passer par toutes les phases décrites pour tourner la page et se reconstruire après un divorce ou une séparation. Certains devront peut-être grimper chaque palier alors que d’autres sauteront des étapes, seront bloqués à certaines ou se relèveront plus rapidement que prévu.

En résumé, personne ne peut prédire la manière dont vous allez affronter cette épreuve de la séparation ou du divorce, vous êtes le ou la seul(e) à faire face à vos doutes, angoisses et désillusions et ça implique que vous seul(e) allez pouvoir optimiser votre cheminement. Votre amour propre, votre confiance en l'avenir et vos repères vont être mis à rude épreuve mais rien n'impose que cette transition perdure des mois voire des années, vous avez la capacité d'influer sur votre deuil amoureux et plus vous en prendrez conscience, plus vite vous sortirez la tête de l'eau pour respirer à nouveau le goût du bonheur.


   Les phases classiquement décrites du deuil amoureux

Même si nous refusons de nous ranger derrière l’idée qu’une personne en situation de rupture doive nécessairement passer par les différents stades du deuil classiquement décrit pour s’en sortir, certains praticiens s’accordent pour parler de phases successives du deuil amoureux. Nous allons entrer dans le vif du sujet et le détail de ces étapes dans lesquelles vous vous retrouverez peut-être (mais pas toujours !).

Gardez donc à l’esprit que vous êtes seul à savoir ce qui se passe en vous et c’est à titre indicatif que vous pouvez consulter ci-dessous les phases dites "classiques" du deuil amoureux largement reprises dans la littérature et les études à ce sujet.


Première phase du deuil amoureux, le choc

Prendre conscience de l’imminence de sa rupture avec un être aimé marque le début de la phase de deuil. Il arrive souvent que ce soit un choc pour celui ou celle qui n’est pas à l’origine de la décision de rupture et qui, par conséquent, va voir tous ses repères bouleversés par l’annonce de cette séparation souhaitée par l'autre.

Décrite comme un véritable cataclysme par ceux qui ne s’y attendaient pas, l’annonce de la rupture est parfois moins « étourdissante » pour ceux qui voyaient leur relation s’étioler depuis un moment.

Annoncer à l’autre qu’on souhaite le quitter est aussi une épreuve très difficile à vivre et les circonstances de cette annonce sont importantes pour la suite. A ce titre, nous vous invitons vivement à consulter nos articles qui traitent de ce sujet et vous aideront sans doute à mieux préparer ce moment si vous n’avez pas encore franchi le pas.

Qu’on ait vu ou non venir la rupture, le choc est réel et il peut sembler insurmontable dans les premiers temps, rien de plus normal que cela provoque un tsunami dans votre existence.

Votre conjoint(e) vous annonce qu’il ou elle vous quitte et c’est logique que vous vous sentiez totalement dévasté(e) au moment de recevoir cette nouvelle. Il n’est pas rare que cet instant soit propice à des dérives regrettables, on voit fréquemment des « pétages de plombs » et ils peuvent avoir des conséquences néfastes pour la suite ou pire encore, pour les enfants du couple qui s’est laissé débordé par l’ampleur des émotions. On ne saurait trop conseiller de garder son calme et de ne pas s’emporter au risque de regretter plus tard des comportements disproportionnés ou dirigés par la vengeance et l’aveuglement.


Sébastien, 32 ans, divorcé en 2018

« Quand mon ex-femme a annoncé qu'elle voulait demander le divorce du fait de sa rencontre avec un autre homme, je suis tombé littéralement de ma chaise. J'avais bien conscience que nous traversions une période de lassitude mais je ne pensais pas qu'elle pourrait me tromper, surtout pas si vite. J'étais tellement scotché que je n'ai rien trouvé de mieux à faire que de me casser de chez nous, je voulais la fuir de peur de me montrer violent si nous nous expliquions de vive voix. Je suis allé squatter chez un ami et il m'a fallu trois jours pour réaliser ce qui m'était arrivé. J'en garde un sale souvenir mais je ne regrette pas de m'être isolé, j'aurais pu devenir méchant et ce n'est pas dans ma nature. »


S'isoler peut être une bonne solution si vous sentez que vous aurez du mal à vous contrôler. D'autres auront besoin de parler, de comprendre, de tout savoir s'il y a une aventure extra-conjugale. On réagit en fonction du contexte, des raisons de la séparation mais aussi en fonction de notre caractère et de la façon dont la rupture est annoncée. Celui qui s'apprête à dire qu'il veut rompre aura tout intérêt à anticiper ce moment afin d'amener les choses avec sollicitude et empathie. Si votre partenaire est loin d'imaginer ce qui se trame dans votre tête, le choc n'en sera que plus violent, intolérable parfois. Une fois cet état de choc passé, certains passeront par ce qui est communément appelé la phase de déni.


Deuil de son couple, la phase de déni

Impossibilité de croire ce qui nous arrive, sensation de vivre un cauchemar éveillé, perte totale de nos repères, certains d’entre nous vont avoir besoin de temps pour digérer l’idée même de se séparer. Dans ce cas, inutile de se lancer tête baissée dans une procédure de divorce ou dans les aspects logistiques de la séparation, il faut laisser la tempête passer.

La phase de déni est souvent rythmée par des tentatives de récupération, de reconquête, elle peut même être le théâtre de rebondissements avec des moments de rapprochement puis de déchirement. Il arrive qu’il y ait du chantage affectif, l’un des deux veut sauver le couple et a l’impression que l’autre ne fait rien pour l’y aider.

A la sidération de l’annonce se succède cette phase au cours de laquelle on peut ne pas accepter ce qui se passe, on refuse de se résoudre à rompre et on fait tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver l’histoire. Tenter de reconquérir son partenaire est naturel mais souvent vain et quand on se heurte à un mur, il est préférable de ne pas s’épuiser dans les tentatives de sauvetage qui ne feront que nous enfoncer davantage.

La science s’est penchée sur les effets d’un choc émotionnel et il n’est pas rare de constater des conséquences concrètes sur l’état général d’une personne affrontant sa rupture. Il est possible de se sentir comme vidé, dépassé par la situation et presque déconnecté des réalités. Le cerveau peut notamment sécréter des substances analgésiques pour atténuer la douleur, comme après un accident ou une blessure. Ainsi, certains d’entre nous peuvent avoir l’impression d’être anesthésiés, incapables de réaliser ce qui leur arrive et pétrifiés pendant quelques jours, voire quelques semaines.

Celui ou celle qui est à l’initiative de la rupture doit s'armer de patience si l’autre n’est pas encore en mesure de faire face à la situation. Il est vain d’imaginer pouvoir faire réagir de force la personne qui est dans le déni, sans doute sera-t-il plus judicieux de s’éloigner et d’attendre que la prise de conscience se fasse.

Tant que celui ou celle qui subit la décision de rupture n’est pas prêt(e) à entendre cet état de fait, il est inutile de croire que les choses vont se concrétiser simplement. Si le déni persiste, il faut trouver d’autres manières de faire comprendre que l’histoire est finie, qu’il n’y a plus aucun espoir de réconciliation et de seconde chance.


Estelle, médiatrice familiale à Lyon

« Il n'est pas rare de recevoir des conjoints qui ne sont pas du tout au même stade d'acceptation de leur rupture en médiation familiale. Souvent, ils viennent à l'initiative de celui ou celle qui a décidé de la séparation et qui souhaite que les choses avancent alors que l'autre, ne veut rien entendre. Tant que celui ou celle qui subit la décision de rupture n'a pas pris conscience que c'était irrévocable, la concrétisation de la séparation ne pourra pas se faire dans de bonnes conditions.

De mon point de vue, il faut accorder à l'autre le temps nécessaire à ce qu'il ou elle accepte l'idée de fin de l'histoire. Recourir à une médiation peut être un bon moyen d'aller au fond des choses et d'échanger dans un autre contexte afin de permettre une conscientisation de la situation.

C'est certain que si la rupture n'est pas voulue par l'un des deux partenaires, il faudra lui laisser le temps d'accuser le coup, surtout s'il ou elle ne s'y attendait pas. Tout le monde ne passera pas nécessairement par une phase de déni, surtout dans les couples où la complicité n'est plus là depuis longtemps. En revanche, pour celles et ceux qui étaient heureux et dont le bonheur s'écroule en quelques secondes, c'est normal qu'il y ait cet instant plus ou moins long de sidération, on ne peut pas croire qu'une telle issue se profile. Après un temps d'adaptation, une fois la rupture conscientisée, il arrive qu'on bascule dans une phase dite de colère. »


Deuil amoureux, la phase de colère

Elle porte bien son nom puisqu’il s’agit de déverser tout ce qui nous encombre de rancœurs et de reproches à l’encontre d’un ou de plusieurs coupable(s).

L’objet de la colère est généralement le ou la conjoint(e) qui part mais ça peut aussi être une tierce personne, la maîtresse ou l’amant par exemple, un proche qui aurait pollué la relation, un parent qui se serait immiscé dans l’intimité du couple à mauvais escient… Les exemples sont nombreux mais généralement, c’est véritablement vers l’autre que se dirige la colère de celui qui vit le deuil amoureux.

Si ça ne dépasse pas les bornes, exprimer sa colère et verbaliser ce qui nous encombre au plus profond de nous est toujours une bonne chose, on appelle familièrement ça « Vider son sac ».

Bien sûr, personne n’est à l’abri de perdre le contrôle et de se hurler sur tout ce qui bouge. A ce stade, l’important est de faire la différence entre ceux qui cherchent à nous soutenir et ceux qui parasitent notre capacité à remonter la pente.

Attention donc à ne pas abîmer certains de vos liens avec votre entourage dans ce contexte perturbant où la moindre remarque peut prendre des proportions énormes alors que le but n'était que de vous aider, vous soutenir. Certaines interventions de la part de vos proches pourront vous sembler totalement hors de propos ou carrément déplacées, montrez-vous indulgent, Tout le monde a droit à l'erreur, nous avons tous parfois des propos maladroits ou idiots.

Les professionnels s’accordent pour nous mettre en garde face à l’ampleur que peuvent prendre nos réactions dans cette phase dite de colère. En effet, parmi nos proches, il y en a toujours quelques-uns qui chercheront à nous faire relativiser la situation et qui ne parviendront pas à comprendre la profondeur de notre désarroi. Face à eux, il ne sert à rien de s’emporter puisqu’ils veulent juste nous voir aller mieux et reprendre le dessus. Même si ça peut nous démanger d'exploser pour qu’ils aient enfin une idée du gouffre abyssal dans lequel on se débat, il est illusoire de penser que ça aura un quelconque effet bénéfique, au contraire.

Si vous avez des choses à dire, des accusations ou des reproches à faire, laissez s’exprimer votre souffrance mais faites le envers les bons interlocuteurs et essayez de ne pas tout mélanger.

A ce titre, on ne le dira jamais assez et on le répète encore ici, on a le devoir de la retenue et du respect pour préserver au maximum notre ou nos enfant(s) des ressentiments qui ne concernent que nous et l’autre parent. On déplore encore trop souvent les dommages collatéraux que paient les enfants à la suite de règlements de comptes entre leurs parents, souvent au cours de cette phase de colère qui peut aller jusqu'à la violence verbale ou physique chez certains couples. Le contrôle est vite perdu dans cette phase de colère, attention aux paroles ou gestes sous l'emprise d'un moment de rage passager.


Anonyme, Janvier 2020

« Quand ma femme est partie, j'ai pété les plombs. J'ai été violent avec elle, avec notre fils, j'ai failli nous foutre en l'air en bagnole un soir, tellement je devenais dingue. J'étais fou de rage contre elle et le monde entier, je voulais casser la gueule de tout le monde.

A cause de mes réactions, mon fils n'a plus voulu me voir pendant des mois et je me suis mis à picoler. Je n'arrivais pas à me calmer, c'était le seul moyen pour dormir. Ma sœur a vite compris que je m'enfonçais dans l'alcool, je tournais en rond avec ma haine. J'ai été hargneux pendant presque 6 mois avant de comprendre que ça ne servait à rien. Grâce à un ami et à ma sœur, je m'en suis sorti sans avoir détruit toute ma vie. Maintenant que c'est derrière moi, je peux dire que la soif de vengeance et la fureur ne changent rien, au contraire, ça ne fait que nous éloigner des gens qui nous aiment et de nous-mêmes. »


Heureusement, rien n'oblige à passer par cette phase de colère et elle n'est pas toujours si profonde ni si tenace. D'ailleurs, il est probable que pour la majorité d'entre nous, les ressentis se mêlent, on passe de la stupéfaction à l'indignation puis la révolte. Ce n'est pas forcément une étape déterminée après l'autre, nous sommes beaucoup à évoquer les montagnes russes. On touche le fond, on grimpe dans les tours puis on se sent vidé(e), à bout de souffle et ainsi de suite. Parmi les émotions susceptibles de nous assaillir en cette période de deuil amoureux, la perte de confiance en soi est souvent rapportée. C'est ce que certains appellent la phase de dévalorisation. 


Deuil amoureux, la phase de dévalorisation

Vécue par beaucoup comme étant la plus dure de toute, cette phase du deuil amoureux se veut synonyme d’abattement et de dépression. On se sent totalement privé de jus, plus d’énergie et plus d’envie, incapable de tout, comme l’ombre de nous-même.

Certains de nos clients ont eu besoin d’une aide ponctuelle extérieure au cours de cette période, un accompagnement thérapeutique et parfois même médicamenteux pourrait être nécessaire pendant ce cap difficile de la rupture.

Notre conseil en pareille situation, encore une fois, se donner du temps, s’autoriser à toucher le fond pour mieux remonter ensuite. Nous avons toutes et tous le droit de craquer, de se laisser-aller, aucune honte à cela, il faut au contraire du courage pour s'avouer à terre, c'est le point de départ d'un autre cycle, laissez-vous le temps d'apprivoiser cet état de fait.

Cela dit, si vous avez l'impression de perdre la tête ou pire, si vous avez des idées noires, n’hésitez pas à demander de l’aide. Vos proches, votre médecin de famille, un psy., un thérapeute sont autant de leviers pour franchir cette étape. Si votre état de santé se dégrade, si vous avez des difficultés à dormir ou à manger, il faudra peut-être songer à consulter et éventuellement passer par un traitement le temps de reprendre votre souffle et pour vous épargner les séquelles d’un état dépressif trop profond.

En tous cas, dites-vous que c'est transitoire, accrochez-vous à la certitude que ça va s'apaiser, vous allez vous relever. Le témoignage de Marie nous a semblé particulièrement approprié ici.


Marie - 69

« Je suis passée par la case divorce il y a presque 5 ans et je reviens de loin. Ma séparation a été si soudaine et brutale que j'ai littéralement sombré. Je voulais m'éliminer, j'attendais la mort parce que je n'étais même plus capable de me la donner. Mes enfants avaient leur vie, je me sentais définitivement finie et inutile. Ma dépression a duré des mois et certains jours, je ne me levais même pas du lit. Je suis restée dans la maison où nous avions vécu pendant 21 ans, quelle idiotie quand j'y repense ! Tout me rappelait notre vie commune, il restait plein d'affaires de mon mari qui s'était installé dans le village d'à côté, chez sa maîtresse.

On a fini par m'imposer un traitement, c'est mes filles qui ont tout fait pour que je sois suivie. Une psychologue m'appelait deux fois par semaine et notre médecin m'avait prescrit des antidépresseurs assez forts. Les premiers temps sous médicaments ont été atroces, j'avais des moments d'angoisse épuisants mais au bout d'un mois, j'ai vu le bout du tunnel et j'ai repris un peu goût à la vie.

Ce qui a vraiment amorcé le début de ma guérison, c'est l'annonce de la grossesse de ma fille aînée, j'allais devenir mamie ! Je me souviendrai toute ma vie du moment où elle et son ami sont venus me faire cadeau de cette bonne nouvelle. Là, à cet instant précis, j'ai su que la vie allait reprendre et que je serai de nouveau heureuse, autrement mais peut être plus encore !

Aujourd'hui, je peux affirmer que je suis comblée, j'ai tant d'amour à donner à mes petits-enfants, j'en ai déjà trois magnifiques et bientôt 4 ! C'est une chance que d'être vivant et en bonne santé, rien ne mérite qu'on perde de vue le trésor d'être en vie.

Il n’y a pas grand-chose à ajouter si ce n’est peut-être qu’il vaut mieux ne pas se faire confiance à cette période, ne pas prendre des décisions hâtives et attendre que la marée remonte avant de faire des choix importants pour l’avenir.

Par exemple, mettez-vous en arrêt de travail plutôt que de faire des erreurs professionnelles de démissionner sur un coup de tête. Autre sujet, attendez d’y voir plus clair pour décider de là où vous vivrez et de l’organisation de la garde de vos enfants le cas échéant. Dans cette phase de dévalorisation, ne faites pas votre propre procès et empêchez-vous de penser que vous n’êtes pas digne d’être aimé(e), c’est faux et au fond, vous le savez parfaitement…

Heureusement que cette phase d’apitoiement et de repli sur soi ne dure pas même si pour certains, ça peut sembler une éternité. Généralement, ce passage à vide précède ce qu'on appelle la phase de sevrage ou phase de regret. »


Deuil amoureux, La phase de sevrage

Vécue comme le fond du trou par quelques-uns, la phase de sevrage, de notre point de vue, devrait plutôt marquer l’espoir, le début de la remontée.

Comme son nom l’indique, la phase de sevrage consiste à se sevrer de l’autre. Un peu comme un drogué qui n’aurait plus sa dose, l'image est crue mais certains vont s'y retrouver... Bien sûr que l'absence soudaine de l’être qui partageait notre vie depuis des mois ou des années est terrible à vivre, c'est de cette période d'adaptation à l'absence de l'autre dont il est ici question. La sensation de manque est partout, quasi permanente, envahissante, avilissante, on se sent impuissant face à ses propres pensées.

Apprendre à vivre sans l’autre est une véritable épreuve, surtout quand on est encore amené à le croiser régulièrement pour les enfants ou d’autres responsabilités communes.

Certains de nos clients ont décidé de ne plus avoir aucun contact avec leur ex-conjoint(e) pendant un temps donné afin de moins souffrir. C’est plus facile à dire qu’à faire quand on est parent mais pour ceux qui en ressentent l’impérieux besoin, des solutions sont possibles et doivent être étudiées.

Soyons réalistes, la relation de couple, même quand elle commence à flancher, participe à l’équilibre général d’une personne. La solitude fait peur, on est face à soi-même et ce n’est pas la meilleure période pour s’apprécier à sa juste valeur.

Le défi que vous devez relever à ce moment précis, c’est d'accepter de ne plus partager votre vie avec celui ou celle qui était la pierre angulaire de votre quotidien avant la rupture. Se séparer ou divorcer n’est jamais anodin et l’une des clés pour rebondir est d’apprendre à vivre sans l’autre, apprendre à vivre autrement.

Concomitante et souvent évoquée par les spécialistes, la phase du sevrage se combine fréquemment avec la phase dite du regret. Regretter de ne pas avoir été à la hauteur, de ne pas avoir fait ce qu’il fallait, de ne pas avoir vu, cru, réagi comme on aurait dû.

Nous sommes nombreux à être passés par ces questionnements, « et si j’avais fait ça », « j’aurais dû faire ainsi », « il aurait fallu que je sois plus… moins…. », « si seulement j’avais réagi ainsi… ». C’est sans fin et on peut refaire l’histoire sous tous les scénarios envisageables, ça ne changera rien à la réalité de notre séparation.

Attention à ce stade de ne pas sombrer dans l’auto-flagellation perpétuelle, vous ne devez pas vous dénigrer et faire reposer toutes les responsabilités sur vous. La culpabilité, la mésestime de soi, la honte, la crise identitaire, tous ces sentiments vous encombrent et sont finalement assez stériles puisqu’il n’en ressort que rarement des choses constructives. Alors STOP !

Bien entendu, ça ne veut pas dire que vous devez vous garder de toute remise en question mais peut-être sera-t-il plus efficace de faire le point une fois que vous irez un peu mieux, quand la période sera plus propice à l’introspection.


Perrine, 84

« Pour moi, ce qui a été le plus dur dans la séparation avec le père de mes enfants, c'est de ne plus le voir et l'entendre au quotidien. On a été ensemble pendant 19 ans et du jour au lendemain, plus rien, c'était irréel. Ne plus le voir le matin avant le boulot, ne plus laver ses fringues, acheter son jus de pomme, gueuler pour qu'il sorte les poubelles... j'arrive à en sourire maintenant mais sur le moment, c'était l'enfer. Au début, je suis restée avec les enfants dans l'appartement qu'on louait depuis quelques années mais j'ai vite pigé que ça ne pouvait pas durer. Tout me rappelait sa présence, même l'odeur. J'ai fini par déménager, ça a aidé à couper le cordon et je pense que c'était même mieux pour nos gamins.

Une fois dans mes nouveaux murs, j'ai pu reprendre des habitudes dans lesquelles je ne croisais plus son fantôme de partout. Il a fallu quelques mois encore pour que je me sente réellement libérée du poids de son absence mais j'étais fière de moi, de ma dignité. »


Deuil amoureux, la phase d’acceptation

Arrive enfin le moment où vous allez digérer la séparation, vous résigner à vous séparer, admettre que c’est fini, c’est la phase d’acceptation.

Vous pensez de moins en moins à la rupture et c’est aussi moins douloureux, vous prenez un peu de recul par rapport à votre histoire et la rage que vous pouviez avoir envers celui ou celle qui vous a quitté s’estompe pour laisser place à d’autres sensations, plus faciles à supporter (même si la rancune et les rancœurs peuvent perdurer encore longtemps). 

Les émotions que vous ressentiez sont toujours présentes mais elles n’envahissent plus tous les domaines de votre vie et vous êtes enfin à l’écoute de vos besoins, de ce qui vous fera du bien.

C’est sans doute le moment propice pour vous reposer et lâcher prise avec tout ce que vous venez de traverser. L’acceptation de la rupture peut permettre le pardon mais ce n’est pas toujours le cas et ce n’est pas une fin en soi. Il est bien entendu préférable de pardonner pour vous libérer encore davantage de ce poids mais ça peut demander des mois, des années parfois.

Soyez patient(e), le temps finira de panser les blessures et il faut à présent vous concentrer sur vous, sur votre avenir.


Magali, Acupunctrice, 30

« J'aide certains de mes patients à lâcher-prise au moment d'accepter leur séparation. L'idée est de les connecter à d'autres sensations que celles du manque, de la peur et de la solitude. Dans les séances que je pratique autour de cet objectif, je sens la progression de mes patients au fil des semaines, comment le corps se libère et se recharge.

Je dis souvent aux personnes qui traversent de telles épreuves que l'impression d'être vidé, incapable de rien et en proie à tout n'est qu'une illusion. Un contenant vide ne demande qu'à se remplir et quand on comprend cela, on renaît de ses cendres.

Au cours de nos accompagnements, on apprécie de voir nos clients recommencer à prendre soin d'eux, se reconnecter à leurs envies et leurs besoins quand ils se libèrent un peu des carcans de leur rupture. C'est un moment durant lequel il ne faut pas vous priver de ce dont vous avez envie, faites-vous du bien. »


Deuil amoureux, La phase de reconstruction

Au cours de cette étape du deuil amoureux, de nombreux changements vont s’opérer dans votre façon d’appréhender l’avenir, vous devriez vous sentir plus fort(e), recouvrer l’énergie qui vous faisait cruellement défaut, avoir envie de vous réapproprier votre vie et peut être même y changer plein de choses.

Il arrive que certains se sentent pousser des ailes et entreprennent des profonds remaniements, un déménagement ou de nouveaux défis professionnels. Certains vont seulement changer de coiffure ou prendre des vacances bien méritées quand d’autres se lanceront dans un relooking complet, décideront de s’offrir une année sabbatique, de reprendre des études ou de faire un bilan de compétences.

Peu importe ce que vous déciderez de faire, peut être rien de révolutionnaire, ce qui compte est que vous utilisiez ce souffle de dynamisme procuré par cette phase de relèvement pour le mettre à profit et sortir définitivement la tête de l’eau.

Ceux qui sont passés par là vous diront combien cette période est salutaire, combien il est appréciable de reprendre goût à la vie, d’avoir des désirs et des perspectives, de se sentir à nouveau capable de faire des choix et de s’investir dans des projets.

Les rechutes sont possibles, il arrive qu’on ait une soudaine baisse de régime, le soufflet semble retomber mais c’est d'ordinaire ponctuel et on se relève rapidement de ces "coups de mou".

La phase de reconstruction est aussi le moment de rebooster votre estime de vous-même. En cas de rupture amoureuse, surtout quand on a subi la décision de son partenaire, l’amour propre prend un sacré coup et il faut regagner la confiance en soi perdue en route.

Certains vont se remettre au sport qu’il n’avait plus le courage de pratiquer, d’autres vont s’investir dans une passion ou avoir envie de sortir, de rencontrer de nouvelles têtes, voir du monde, faire la fête. Il n’y a pas de règle, vous ferez bien comme vous voudrez, l’essentiel étant d’être bien avec vous-même, déterminé(e) à continuer votre chemin vers ce qui vous apporte du bonheur.


William - Coach sportif

« Je peux témoigner à deux titres; je suis passé par une grosse déprime après une rupture amoureuse alors que j'avais 25 ans et ça a changé ma vie et j'ai aussi, dans mon métier, croisé de nombreux clients qui venaient de vivre une séparation et qui reprenaient du poil de la bête avec le sport.

Quand je me suis fait largué, j'étais encore très amoureux, je voulais même me marier avec cette fille, j'étais accroc. Un soir, elle m'a quitté, sans plus d'explications, elle ne m'aimait plus, c'était cool pendant 2 ans mais c'était fini. J'en ai chié, j'ai foutu en l'air mon Master en école de commerce, j'ai carrément fait n'importe quoi pendant 4 mois, jusqu'à finir en prison en Espagne parce que je m'étais battu dans une boîte de nuit.

Mon père m'a ramené en France par la peau du cul, j'ai passé le reste de l'été dans la maison de famille à dormir et déprimer. C'est le sport qui m'a sorti de la dépression. J'ai repris la course à pieds avec mon frère qui était venu passé une semaine de vacances avec moi chez nos vieux. Et puis j'ai plus arrêté, de courir, de faire des squats, de la muscu, du tennis, un peu de voile avec le padre. Je me sentais pas de retourner vivre à Lyon, j'ai lâché mon appart' et je me suis inscrit à Lille, en fac de sport.

J'aurais sans doute été un mec en costume avec des primes de fin d'année mais je suis devenu un type en short et baskets qui s'éclate dans ce qu'il fait et qui peut vous assurer qu'on se relève toujours !

Aujourd'hui, je vais être papa et s'il m'a fallu du temps pour avoir confiance en mon histoire avec ma compagne, je ne regrette pas ce que j'ai traversé avant. En plus, cette expérience me permet aujourd'hui de créer du lien avec mes clients confrontés à leur propre séparation de couple. Je peux raconter mon vécu et comment j'ai décidé de reprendre le dessus à travers l'activité physique, l'implication, l'endurance.

Tout le monde est capable de se remettre d'un plantage amoureux, c'est comme tout, c'est une foutue question de volonté. »


La phase de guérison, phase de libération

Voilà, c’est fini, vous êtes remis(e) de votre rupture amoureuse, vous l’assumez et vous êtes prêt(e) à retenter votre chance avec un nouveau compagnon ou une nouvelle compagne si la belle rencontre se présente.

Il y en a qui vont parler de renaissance, peut-être même qu’ils finiront par conclure « c’est mieux comme ça » quand d’autres garderont toujours un arrière-goût amer ou aigre-doux qui, heureusement, ne les empêchera plus d’être épanoui et confiant.

La phase de libération peut parfois s’accompagner d’une rencontre et l’euphorie des débuts de cette nouvelle histoire pourra aider à gommer définitivement toutes les souffrances traversées.

Bien entendu, il n’est pas nécessaire de retomber amoureux ou amoureuse de quelqu’un pour tourner la page une bonne fois pour toutes, nous sommes nombreux à faire seul ce travail, sans l’aide de personne. Cela dit, s’autoriser à vivre une nouvelle relation est très révélateur du chemin parcouru et il ne faut pas se mentir, c’est un réel soulagement de se sentir attiré(e) par quelqu’un d’autre et de voir, par la même occasion, qu’on dispose toujours d’un potentiel de séduction …

Outre la possibilité de retrouver l’amour, la phase de libération est propice à une réappropriation de ses repères, on est enfin serein, l’équilibre global est de retour et ça fait un bien fou !


Sacha, 9 ans

« C'est mieux depuis que maman a rencontré Damien, elle est plus contente. Au début, j'avais peur qu'il change d'avis ou qu'elle change d'avis et que ça recommence la séparation. Quand mon père a quitté ma mère, elle pleurait tout le temps et j'avais une boule dans le ventre. Maintenant, je vois que papa va bien et qu'elle aussi. J'aurais préféré qu'ils s'aiment toujours, c'est normal, ce serait plus cool. Mais c'est comme ça et moi, ça me va s'ils sont heureux et qu'ils gardent du temps pour être avec moi ! »


Amélie, 38 ans, maman de Sacha

« Le petit mot de mon fils me touche car je dois bien reconnaître que ça a été une période des plus difficiles de ma vie. Il a fallu se montrer patiente et déterminée à m'en sortir pour tourner cette page et retrouver le sourire. Je suis bien aujourd'hui, j'ai rencontré un homme qui participe amplement à me redonner goût à la vie de femme. Pendant longtemps, j'avais fait une croix dessus. Je me refusais simplement à être attirée par qui que ce soit, je ne voulais plus risquer de revivre un abandon. Les mois passaient et je ne me concentrais que sur mon rôle de maman et mon travail de sage-femme que j'adore.

Damien a mis des semaines à capter mon attention et je crois que s'il n'avait pas travaillé dans la même clinique que moi, il ne serait jamais parvenu à ses fins. Au fil du temps, j'ai appris à le connaître, je me suis laissée séduire par sa douceur et son humour. Heureusement qu'il est tenace et qu'il s'est accroché....'rire'.... je suis si bien avec lui et il est si prévenant avec Sacha.

Je voudrais surtout dire à ceux qui sont confrontés à la rupture qu'il y a une fin à la douleur. Même si vous avez l'impression que ça ne s'arrêtera jamais et que votre cœur est en miettes, croyez-moi, ça s'estompe puis ça cesse et le bonheur revient. Courage. »


Le deuil amoureux est propre à chacun de nous

Il était intéressant de vous décrire ici comment sont généralement dépeintes les phases d’un deuil amoureux mais insistons encore sur le fait que ces étapes ne seront pas forcément vécues par tous et qu’il ne s’agit donc pas d’un cheminement obligatoire, chacun sa route. 

Votre histoire est unique, vous êtes unique, personne ne peut prédire la manière dont vous allez vivre votre séparation et les étapes que vous franchirez.

Relativisons donc ce cheminement et rappelons que chacun de nous fera sa propre expérience de son deuil amoureux.

Nous avons rencontré des gens qui souffraient profondément au début et ont finalement eu un déclic rapidement sans passer par tous les stades évoqués ici.

D’autres sont restés longtemps bloqués sur la pente descendante, oscillant entre des moments de dépression et des périodes de rage. A nouveau, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner si le besoin s’en fait sentir, personne n’est à l’abri de perdre le fil.

On a vu aussi des gens faire le deuil à l’envers, certains par exemple quitte leur partenaire pour une autre personne, vivent l’euphorie de la libération et s’aperçoivent au bout de quelques semaines ou quelques mois qu’ils regrettent, qu’ils voudraient remonter le temps et changer d'avis. Parfois, ils parviennent à recoller les morceaux et réparer leur couple mais souvent, il est trop tard, l’autre ne peut pardonner et à leur tour, ils font le deuil avec le poids de la culpabilité en plus, ou pas.

En résumé, rien n’est figé, impossible de faire des généralités et de vous tracer un chemin à suivre scrupuleusement pour espérer réduire le temps de la souffrance ou celui de la colère, ou les deux et plein d'autres.

On fera selon ses moyens, sa personnalité, son histoire. L’essentiel est de se mettre dans le crâne que nous sommes toutes et tous capables de nous relever de la rupture. C’est une transition de vie, elle est loin d’être bénigne et insignifiante mais vous vous en remettrez, comme nous tous, peu importe le temps que ça prendra.

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